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Interviews

Sur les ailes de Bessie...

Publié le 24/02/2020

Elle est à la fois noire et indienne. Elle est pilote. Et elle vit dans un État sous la coupe du Ku Klux Klan. Son nom : Bessie, alias Black squaw, la nouvelle grande héroïne de Yann et Henriet, le duo de Dent d'ours  !

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Sur les ailes de Bessie...
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Une femme exceptionnelle, que vous n'êtes pas près d'oublier !

Entre Hanna et Bessie, deux portraits de femmes indépendantes. Yann peux-tu être considéré comme un auteur féministe ?

Je n'appréhende ni les gens ni les héros de BD selon leur sexe. Ce qui m'intéresse dans mes histoires ce sont les pionniers, les personnages rebelles et déterminés. Bessie comme Hanna possédaient ces qualités. Et puis les femmes font partie de mon parcours en BD depuis si longtemps... J'ai été fasciné par Barbarella, l'Hypocrite de Forest, Laureline, Chihuahua Pearl, Adèle Blanc-Sec, Seccotine et Martine... (Euh ! non, pas Martine ; je voulais dire Tartine !) M'intéresser aux héroïnes de BD n'est pas une démarche opportuniste !

Yann, Bessie est afro-américaine, mais a du sang indien... Était-elle une exception ou le phénomène était-il répandu ?

Le père de Bessie Coleman vivait en Oklahoma, région déshéritée que l'on appelait auparavant les "territoires indiens", car le gouvernement y avait implanté de nombreuses réserves. Avant la guerre de Sécession, beaucoup d'esclaves noirs en fuite étaient venus s'y réfugier. Les Indiens les avaient protégés, les utilisant toutefois comme des sortes de serviteurs... Indiens et Noirs avaient fini par se mélanger et faire des enfants. Le gouvernement utilisa ce prétexte pour fermer les réserves, au motif hypocrite qu'elles étaient réservées aux Indiens purs et pas à des sang-mêlé ! Car entre-temps, on y avait découvert du pétrole...

Alain, ta technique de travail a-t-elle changé entre Dent d'ours et Black squaw ?

J'étais un peu stressé à l'idée de passer d'une série à une autre. J'avais pris des habitudes sur Dent d'ours, même s'il y avait toujours de nouvelles choses à dessiner. J'ai toutefois reconduit sans trop de douleur la même technique de travail sur Black squaw. D'abord je lis le scénario et je note tout ce qui doit être dessiné. Près de chaque ligne de note, je fais un petit dessin, que j'agrandis ensuite de manière à mieux visualiser le découpage, mais aussi les éléments graphiques dont j'aurai besoin. Puis je cherche la documentation la plus pointue possible, afin d'être au plus proche de la réalité. Je dois dessiner un pêcheur avec une canne ? Je vais chercher la bonne canne, mais aussi le bon chapeau de pêche. Comme toujours, je suis aidé pour cette recherche documentaire par mon vieux complice Michel Desgagné. En ce qui concerne mon dessin, il a un peu évolué de par le sujet traité. Avec ses uniformes et ses avions rutilants, Dent d'ours avait un côté "mécanique" très "propre". Black squaw est plus "crasseux", plus organique. Je peux donc plus me lâcher au niveau du dessin et de l'encrage.

Après Dent d'ours, tu aurais pu avoir envie d'une nouvelle collaboration. Pourquoi retravailler aussitôt avec Yann ?

Déjà parce que Yann m'a fait le plaisir de me proposer Black squaw, ce qui est une belle marque de confiance. Ensuite parce que quand je me suis renseigné sur Bessie, j'ai découvert une vie hallucinante, avec des sujets d'histoire et de société fascinants à traiter. Je ne voulais donc pas que ce soit quelqu'un d'autre que moi qui dessine. De grands et beaux scénarios il n'y en a pas 10 000. Alors pas question d'en laisser passer un quand je l'ai entre les mains. Et puis comme en plus je suis fan de la BD Rocketeer, j'ai trouvé dans Black squaw l'occasion de dessiner plein d'uniformes à gros boutons !

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