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Interviews

Sente, Verron et Ptirou : trois Roméo pour une Juliette

Publié le 02/07/2020

Yves Sente et Laurent Verron, les auteurs de Il s'appelait Ptirou (le one shot révélant les origines de Spirou) sont de retour avec Mademoiselle J, leur nouvelle héroïne ! Mais cette jeune reporter est-elle vraiment inconnue de nos lecteurs ? Pas si sûr...

Image
Mademoiselle J
Body

Graphiquement, Juliette rayonne de vie et de présence. Comment êtes-vous parvenu à ce résultat ?

VERRON. J'essaye de me mettre dans la peau de mes personnages, quel que soit leur sexe. Dessiner des hommes me plaît, mais j'ai l'impression d'avoir des facilités pour le faire, puisque j'en suis moi-même un. Dessiner des femmes constitue donc un centre d'intérêt graphique. Presque un défi. J'aime trouver les bonnes expressions, les bonnes attitudes...

On imagine que faire graphiquement vieillir Juliette n'est pas simple...

VERRON. Pour le tome 2 de Mademoiselle J, il a fallu faire passer Juliette de l'âge de 14 ans à celui de 21 ans, et ce ne fut pas simple, effectivement. Sur mes premiers croquis, Yves la trouvait plus proche des 30 que des 20 ans. Travailler la bouche ou les yeux de Juliette selon les âges de sa vie se fait au millimètre près. Et impossible de la rendre identifiable par sa coupe de cheveux ou ses vêtements, puisqu'ils changeront à chaque époque ! La faire graphiquement passer de 30 à 60 ans serait simple. Mais de 10 ans en 10 ans, les choses sont plus subtiles... 

Pour Il s'appelait Ptirou, vous aviez encré à la lame de rasoir, pour un rendu plus "sale". Vous aviez même projeté de l'encre à la brosse à dents pour figurer l'écume des vagues ! Et pour Mademoiselle J ?

VERRON. J'ai reconduit le même artisanat, avec plein de petits trucs bricolés sur l'instant. J'ai par exemple utilisé mes doigts en guise de pinceaux, pour certains encrages. J'ai également trempé dans l'encre des lamelles de papier froissées, afin de donner de la matière à mes zones ombrées. Je réfléchis la technique d'encrage selon chaque séquence de l'album, en me basant sur l'ambiance du récit, la météo, le moment de la journée... Certains dessinateurs préfèrent l'étape du crayonné, trouvant l'encrage fastidieux. Pas moi, car j'ai l'impression de continuer à créer pendant cette étape !

Ptirou reste très présent, en filigrane de Mademoiselle J tome 2. De là à penser que vous allez le faire revenir par un grand retournement de situation...

SENTE. L'oncle Paul, qui nous sert toujours de porte-parole, confirmera que Ptirou est malheureusement bel et bien mort. Mais pas dans le cœur de Juliette ! Car outre le fait qu'elle conserve en pendentif porte-bonheur le bouton doré qu'elle devait lui recoudre dans le tome 1, nous verrons qu'elle a le pouvoir de le faire réapparaître en situation de désespoir. Est-ce dans son esprit que ces rencontres se font ? Probablement. Nous imaginons bien que ce n'est pas vraiment lui qui est présent. Mais Mademoiselle J, elle, peut entamer un dialogue avec le seul grand amour de sa vie rien qu'en se demandant "Que m'aurait-il dit s'il avait pu être là ?"
 
VERRON. C'est aussi ça, la magie de la BD, non ?

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