Le Roi Louve : la BD aux mille sujets

Le Roi Louve est un pur concentré d'aventure. Et donc une série difficile à mettre en scène ?

Les scènes d'action sont surtout amusantes à dessiner. Je les prends comme un challenge, en termes de mise en scène. Le plus difficile, c'est de faire en sorte de ne pas perdre le lecteur d'une case à l'autre quand ça bouge beaucoup et que les personnages doivent faire face à des situations complexes. Parfois, j'ai quand même dû demander à Denis plus de place, par exemple sur une scène d'avalanche importante, dans "L'envol de Trycia". Heureusement, je lui en ai parlé tôt, à un moment où le scénario pouvait encore bouger ! Même si je raisonne en termes de narration BD, et pas en termes de cinéma, le fait que j'aie étudié le cinéma et l'animation m'aide beaucoup. J'ai des amis qui me disent que je pourrais me permettre, en BD, de tricher plus qu'au cinéma, avec des faux raccords et des positions pas identiques d'une case à l'autre, ce qui permet des angles de caméra moins complexes. Mais je me l'interdis ! Je suis peut-être un peu rigide !

Les scènes de dialogues, importantes dans Le Roi Louve, sont-elles plus simples à gérer que les scènes d'action ?

Les scènes de dialogues sont plus compliquées que ce que l'on imagine, car il faut réussir à ne pas ennuyer le lecteur malgré la position souvent statique des personnages. Les dialogues, écrits par Émilie Alibert, ont beaucoup d'importance dans mon travail. Ils sont très précis et spontanés, permettent de bien comprendre les personnages et conditionnent donc mon dessin. Le dessin, c'est de l'acting. Et les dialogues sont donc ce qui va conditionner les visages et l'attitude.

Quelle est ta technique de travail sur Le Roi Louve ?

J'utilise le logiciel Clip studio pour l'encrage et Photoshop pour les couleurs. J'utilise une tablette Cintiq, sur laquelle je dessine comme sur une feuille, ainsi qu'une palette graphique classique, avec les traits du stylet projetés sur écran. J'aime bien alterner les deux. On a plus de perspective sur un dessin lorsqu'il apparaît sur un écran plus distant. Ça me permet de varier mon travail et de ne pas endormir mon cerveau. Et peut-être même que le résultat plaira aux lecteurs, qui sait !