Qui est Tanis ?
Publié le 15/11/2024
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Tanis est une toute nouvelle héroïne dont aventures à très grand spectacle se déroulent dans une fascinante Égypte ancienne.
Interview complète des auteurs Denis Bajram, Valérie Mangin et Stéphane Perger parue dans le journal Spirou n°4519 du 20 novembre.
Qui est Tanis, votre héroïne ?
Valérie Mangin & Denis Bajram : Tanis est une jeune fille vivant au bord du Nil il y a 12 000 ans, à l'époque où l'endroit ne s'appelait pas encore Égypte et ne portait sans doute même pas de nom du tout ! Seule survivante d'un raid mené par les pillards aryanas, Tanis a été recueillie par "l'ancien", un shaman dont elle doit prendre la succession. Mais le village se méfie de l'orpheline aux cheveux blancs, car beaucoup soupçonnent que les dieux lui réservent un destin à part, sans savoir s'il sera bénéfique ou maléfique... La situation n'empêche pas Tanis d'essayer de vivre comme une ado de son âge. Jusqu'au jour où un rendez-vous avec Sépi, son amoureux secret, va les emmener dans le tombeau interdit d'Osiris. En y dérobant le casque du dieu, ils risquent bien de changer leur vie et le destin de la Terre tout entière !
Pourquoi y a-t-il des morceaux de roches qui tombent du ciel ?
Valérie Mangin & Denis Bajram : À l'époque de Tanis, la Terre est effectivement entourée d'un anneau de roches en orbite. Sauf que ces pierres géantes peuvent soudain tomber sur n'importe qui, n'importe quand ! Nous expliquerons en temps voulu cette "colère des dieux", car c'est tout un univers – où l'Atlantide aura un rôle important à jouer – que nous allons faire explorer aux lecteurs ! Bien sûr, nous ne croyons pas à ce mythe d'un continent perdu, qui n'est qu'une métaphore politique inventée par Platon pour parler d'Athènes. Cela dit, lorsque nous écrivons Tanis, nous croyons à nos fictions avec la passion de complotistes cherchant à convaincre de leurs thèses ! Afin de ne pas rajouter de fake news dans une époque où il y en a déjà beaucoup, nous distinguerons ce qui est vrai de ce qui est faux dans un dossier à la fin de chaque album de Tanis. Nous sommes passionnés par l'Histoire, où nous piochons des ingrédients de base pour élaborer des plats scénaristiques compliqués. Valérie est historienne, ancienne élève de l'École des chartes. Elle a donc souvent mêlé Histoire et fiction, par exemple dans les séries Alix Senator et Le fléau des dieux.
Stéphane Perger : Tanis est un récit de fiction fantastique. J'ai donc essayé d'être cohérent en mélangeant des objets historiquement appropriés et des choses inventées. Pour le casque d'Osiris, je me suis inspiré de représentations du dieu sur des sculptures égyptiennes et j'ai aussi puisé dans mes souvenirs de dessins animés, tels Les mystérieuses cités d'or et Ulysse 31. Nous avions envie de nous rapprocher de ces références de notre enfance où l'historique et l'imaginaire étaient fortement liés.
On a presque l'impression de regarder un film en lisant Tanis. Comment avez-vous fait ?
Valérie Mangin & Denis Bajram : Tanis se regarde comme un film à grand spectacle, c'est que nous considérons que la BD est un art graphique avant tout. Cette histoire, c'est de la pure aventure, les images de Stéphane devaient donc être les plus impressionnantes possibles ! Nous avions envie de réunir le meilleur du "franco-belge", du manga et du comics, comme Denis l'a fait avec ses camarades dans l'album Goldorak. Stéphane, qui a travaillé dans le comics, amène son sens de la mise en scène à grand spectacle. Nous, scénaristes, donnons à Tanis un côté "feuilleton" inspiré du manga, tout en gardant le côté structuré et culturel de l'écriture "à la franco-belge".
Stéphane Perger : Mon travail peut sembler cinématographique, mais mes contraintes sont différentes de celles d'un réalisateur. La page est un espace restreint où je dois raconter beaucoup de choses en peu de cases. C'est pendant et après la lecture que l'on se crée un film mental ! Le côté spectaculaire de Tanis vient de son scénario épique et de mes choix de cadrage. C'est de l'aventure avec un grand "A", et aussi de la tragédie.
Pouvoir et croyances ont une place centrale votre histoire, pourquoi ?
Valérie Mangin & Denis Bajram : Tanis, c'est notre Schtroumpfissime à nous. On n'y critique pas précisément la religion, mais plutôt toutes les formes de pouvoir. En particulier celui de ces leaders "éclairés" qu'on suit aveuglément dès qu'ils nous promettent la richesse. Ce sera le cas avec l'avatar d'Osiris... Tanis interroge notre ubris, mot par lequel les Grecs désignaient la folie des puissants et des orgueilleux ! Mais nous n'assenons pas de réponses aux questions que nous posons dans notre scénario. On espère juste que cette histoire fera réfléchir les plus jeunes et sèmera des signaux d'alerte, comme une sorte d'antivirus contre le totalitarisme !
Comment avez-vous fait pour imaginer les décors de la série ?
Stéphane Perger : Pour travailler sur Tanis, qui se passe il y a plus de 10 000 ans, j'ai dû effectivement faire des recherches d'images. Malheureusement, il en existe peu, voire pas du tout, que ce soit pour cette époque ou même pour l'Égypte ! Tout ce que nous avons dans notre inconscient pour représenter l' Égypte ancienne, c'est l'imagerie antique qui descend au plus bas à 3 000 ans av. J.-C. alors que Tanis se passe à l'âge de pierre. Valérie, Denis et moi avons utilisé des gravures, bas-reliefs ou sculptures, en guise de documentation.
Historiquement, les Vikings ont donc rencontré les Égyptiens ?
Valérie Mangin & Denis Bajram : Ici, on se trouve encore à la frontière entre le vrai et le faux. Car les "peuples de la mer", sur lesquels nous avons pris modèle pour nos Aryanas, sont bien allés jusqu'en Égypte, sauf que c'était plus de cinq millénaires après l'époque de Tanis ! Et ils ne ressemblaient sans doute pas autant à des Vikings.
Les personnages ont une vraie présence dans cet album...
Stéphane Perger : Nous avons beaucoup discuté du projet en amont. C'était important pour moi de donner à l'image la force du scénario de Valérie et Denis. J'ai donc essayé de bien caractériser les personnages afin qu'ils aient une identité propre. Tanis devait être très différente des autres afin d'avoir ce côté mystérieux et indépendant.
Quelle a été ta technique de travail pour Tanis ? Le numérique ?
Stéphane Perger : Mon travail se fait en différentes étapes. Je commence bien sûr par lire le scénario de Valérie et Denis, puis je réalise le story-board, c'est-à-dire un dessin rapide qui permet d'établir la narration par l'image. Une fois que nous nous sommes tous mis d'accord, après des discussions et réajustements, je me mets au dessin final. Pour cette étape, je travaille sur papier, où je dessine d'abord au crayon. Une fois le résultat satisfaisant, je passe à l'encrage. Celui-ci est réalisé en noir et blanc avec plusieurs outils. Il y a le pinceau et l'encre, des feutres fins, des feutres pinceaux, des brosses... Ensuite, je numérise la planche, je "nettoie" les petites traces restantes sur ordinateur, je fais encore quelques ajustements, puis je passe à l'étape "couleur", qui est réalisée en numérique. Pour Tanis, Valérie et Denis m'ont laissé une certaine liberté de réalisation. Un peu comme des showrunners, ils m'ont guidé pour que mon travail soit au plus juste de leurs attentes. C'est bien d'avoir quelqu'un qui regarde parfois au-dessus de son épaule, car je n'ai pas toujours le recul nécessaire sur mon travail.
Comment travaillez-vous en étant à deux sur le scénario ?
Denis Bajram : Afin d'écrire harmonieusement à deux, on se parle le plus possible, en restant toujours attentif à ce que l'autre propose, afin de ne pas s'enfermer dans une vision des choses unilatérale. Il faut dire que Valérie et moi sommes mariés depuis 25 ans et travaillons dans la même pièce. Et quand on en sort, c'est souvent pour discuter scénario à table ou devant la télé ! Si nous ne sommes pas d'accord sur un point de scénario, on laisse tomber et on y revient plus tard. Mais si nous vivons et travaillons ensemble 24 heures sur 24 depuis aussi longtemps, c'est sans doute qu'on s'entend plutôt bien ! Nous écrivons en général assez rapidement le synopsis, c'est-à-dire les grandes lignes du scénario. Puis Valérie rédige le découpage en pages et en cases, avec le cadrage et les dialogues, ajoutant plein d'éléments au fur et à mesure.
Valérie Mangin : Denis regarde ensuite tout ça et nous en discutons. Puis nous donnons notre scénario à Stéphane qui le transforme en story-board, une sorte de brouillon des pages. Denis l'accompagne parfois à cette étape, comme sur certains éléments de design. Nous ne cherchons toutefois pas à imposer notre univers à Stéphane, essayant surtout de lui donner des pistes ou de la documentation. À lui de voir ce qui lui semble intéressant. Si nous voulions parler de tout ce qui nourrit nos univers, il y aurait 200 pages de notes pour chaque BD de 48 pages ! Il est parfois frustrant de résumer un bon concept ou une bonne idée sur une case ou une simple bulle. Mais, tant pis, au moins on sait que c'est là !
Tanis, Tome 1 par Valérie Mangin, Denis Bajram et Stéphane Perger - Disponible en librairie le 24 janvier 2025.
sam 16/11/2024 - 05:29
The plot is good and…
The plot is good and engaging. I like your storytelling style. A game that a lot of people enjoy playing is: quordle
lun 18/11/2024 - 08:52
Alice12
Une ancienne ville égyptienne située dans le delta du Nil. Elle fut une capitale fnf sous la 21e et 22e dynastie