Les Bleus tournent Irish

Willy, toi qui es passionné d'Irlande, ça a dû être un régal que de dessiner La brigade irlandaise !

LAMBIL : J'aime l'Irlande, oui, mais également l'Angleterre et l'Écosse, qui sont des pays qui m'attirent énormément. Il y a quelques années, j'avais réalisé un tour d'Irlande en voiture avec ma famille. Comment l'oublier ? Il y avait à ce moment-là une pénurie de carburant. Le gouvernement avait mis en place un système de bons spéciaux permettant d'acheter de l'essence. Nous avions donc passé beaucoup de temps à chercher ces derniers, indispensables pour que le voyage continue ! Je suis heureux de réaliser un album avec des Irlandais. J'avais un jour demandé à Raoul de m'en écrire un. Ça n'avait abouti qu'à un scénario comportant un navire irlandais : La rose de Bantry !

C'est la première fois que vous travaillez ensemble, Kris et Lambil. Comment s'est déroulée cette collaboration ?

KRIS : J'étais impressionné, d'autant que je savais que Willy avait choisi mon histoire parmi d'autres propositions qui lui avaient été faites. Il faut dire qu'il est passionné d'Irlande, ce que j'ignorais ! Depuis tout petit, je suis admiratif de son travail, du jeu d'acteurs qu'il orchestre entre Blutch et Chesterfield. Dans ces conditions, il n'était pas facile de travailler avec lui, d'autant qu'il est aussi timide que moi ! Mais les choses se sont bien déroulées. J'ai tout fait pour écrire "à la Cauvin". Je ne voulais pas déstabiliser Willy en révolutionnant la série ! Sachant que Cauvin lui remettait un story-board, j'ai par exemple demandé à mon ami Emmanuel Michalak de lui en réaliser un.

LAMBIL : Kris, je l'ai vu en photo et je lui ai parlé au téléphone ! On se verra en vrai sans doute plus tard. Après tout, je n'avais pas beaucoup de contact physique avec Cauvin non plus, en définitive. Sauf au début. Après, nous avons vite eu nos automatismes. Raoul savait exactement ce que je voulais, en termes de découpage, de dessin, et m'envoyait des story-boards dont je m'emparais facilement. Pour "La brigade irlandaise", même si les story-boards étaient très bien réalisés, ils l'avaient été avec des codes autres que les miens, qui sont ceux de l'école de Jijé, Franquin... J'ai donc dessiné les personnages en plus gros, par rapport au story-board. Je les ai rapprochés les uns des autres, aussi. J'ai également retouché certains dialogues, en bonne intelligence avec Kris.

Kris, as-tu relu des albums de Cauvin afin de t'imprégner de sa manière d'écrire ?

KRIS : Bien sûr. En étudiant sa rythmique d'écriture, je me suis rappelé à quel point il était balèze... Raoul était capable d'installer en à peine quelques pages une situation et des personnages avant de balancer des gags à un rythme de mitraillette ! De nos jours, avec des albums au format plus longs que les 44 pages des Tuniques Bleues, on ne se rend plus forcément compte de la difficulté de l'exercice... Un Tuniques Bleues, c'est de la mécanique de précision !

Les Tuniques Bleues, Tome 66 sera disponible en librairie le 30 septembre.

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