Bonus articles
Mademoiselle J de A à Z
Publié le 15/09/2023

Bonus articles
« Mademoiselle J » c’est Juliette, actrice et témoin de tous les grands événements du XXe siècle… dont la naissance de Spirou ! Alors que démarre la troisième aventure de Juliette (dans le SPIROU n°4458), entre occupation nazie et sauvetage en Russie, Laurent Verron revient sur sa technique de dessin…
Mademoiselle J, c’est avant tout un incroyable dessin, où le noir et blanc se suffirait à lui-même !
Après beaucoup d’années passées sur Boule & Bill, j’avais une envie dévorante de travailler sur des planches en noir et blanc, et Mademoiselle J était l’occasion parfaite pour ça. Je suis un fan de Jijé, un des grands maîtres du noir et blanc, tellement passionné par cette technique qu’il avait même voulu que la réédition de son Jerry Spring se fasse sans couleurs. Je ne suis toutefois pas seulement inspiré par Jijé, Milton Caniff ou d’autres dessinateurs disparus. Je suis aussi très impressionné par le travail de Rochette ou encore celui de Steve Cuzor, avec lequel avait collaboré Yves Sente sur l’album Cinq branches de coton noir. Quand je dessine, j’avoue ne pas trop penser aux couleurs que notre coloriste, Isabelle Rabarot, viendra porter sur mes planches. Ce n’est pas forcément facile pour elle ensuite de trouver de l’espace !
Il y a beaucoup de matière, sur ton noir et blanc.
Je travaille au « pinceau sec », avec peu d’encre, ce qui donne un trait avec des variations de matière et un noir allant parfois jusqu’au gris. Roba, avec qui j’ai appris le métier, utilisait parfois cette technique. J’ai recours à plusieurs pinceaux, pour mon dessin. Un pointu, par exemple pour les visages, mais que je suis obligé de changer régulièrement, car ça s’émousse vite. Je garde toutefois mes vieux pinceaux, même ceux sont qui sont devenus carrés, car ils se révèlent assez pratiques pour donner de la matière. J’ai longtemps essayé de faire du « beau trait », comme les grands anciens. Aujourd’hui j’ai envie de sonner plus « cracra ». Je développe donc des techniques très personnelles, par exemple le recours à des papiers froissés imbibés d’encre, dont je me sers pour faire la texture des rochers.
On a l’impression que ton dessin continue à évoluer, depuis le premier Mademoiselle J.
C’est que j’espère progresser à chaque nouvel album. C’est aussi l’intérêt de ce métier, que de chercher de nouvelles façons de dessiner. Comment pourrais-je me reposer sur mes lauriers graphiques alors que je dois animer un personnage qui d’album en album vieillit d’à peu près 10 ans et change à chaque fois de contexte graphique ? Mon dessin évolue donc au gré des défis lancés par chaque album. C’est un chemin passionnant à parcourir. Le problème, c’est que quand je relis les anciens Mademoiselle J, et parfois même les premières planches du tome 3, j’ai envie de tout redessiner ! Je réfléchis beaucoup à mon personnage. À son physique, qui est celui – je l’espère – d’une personne que l’on pourrait croiser dans la rue. Je travaille aussi énormément sa silhouette, forcément impactée par toutes les aventures qu’elle a déjà vécues. Sans parler de toutes celles qu’elle est encore appelée à vivre !
0 commentaire
Laisser un commentaire