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Interviews

Mort et dét...erminé !

Publié le 05/11/2021

La famille, il n'y a que ça de vrai ! Sauf que celle de Yan est comme son corps de zombie : elle se décharne lentement... Pas de quoi toutefois effrayer le héros de Mort et déterré qui va s'attaquer de front à la situation ! Suite de l'interview parue dans le journal Spirou n°4361.

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Mort et dét...erminé !
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Dessiner toutes ces émotions doit être épuisant !

Pascal Colpron : Comme je ne bois pas à l'excès et que je suis en couple depuis presque un quart de siècle, représenter ces situations est pour moi un véritable exercice d'imagination ! J'utilise parfois des références photo pour m'aider. Anecdote cocasse : un soir où j'avais besoin de dessiner une grosse claque bien dynamique dans une case du tome 3, j'ai demandé à mon épouse de monter dans mon atelier et de me gifler devant la caméra… Au début elle ne me donnait que de faibles soufflets. Une fois le bon cliché obtenu, et de retour au travail, je me suis demandé en voyant son large sourire sur les images si elle n'avait finalement pas pris plaisir à la chose !

Claque

On a parfois l'impression que le vrai sujet de Mort et déterré, c'est la famille...

Jocelyn Boisvert : C'est un thème central, oui. Cette BD est très librement inspirée de mon roman du même nom. Mais pendant l'écriture des albums, j'ai eu deux enfants. Je suis donc passé du statut d'ado (légèrement) attardé à celui de père de famille (vaguement) responsable. Ceci explique peut-être cela, et donc la place prédominante qu'a prise la thématique de la famille dans la BD...

La morale de Mort et déterré est-elle qu'il faut parfois perdre la vie pour vraiment l'apprécier ? C'est très optimiste, finalement !

Jocelyn Boisvert : Je l'ai toujours dit, Mort et déterré c'est une histoire « Hop la vie ». Rien de mieux que de parler de la mort pour souligner la préciosité de l'existence !

Pascal Colpron : Je dirais que s'il y a une morale à Mort et déterré, c'est qu'il ne faut rien prendre pour acquis. Malgré ses imperfections, la vie est belle et passionnante. L'amour et l'amitié prennent leur sens dans la fidélité. Et tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir ! En effet, c'est très optimiste.

Aimeriez-vous que la mort, grâce à votre travail, semble moins effrayante aux jeunes lecteurs ?

Jocelyn Boisvert : La mort est une composante essentielle de la vie. En parler, s'en servir pour fabriquer des histoires, permet certainement de l'apprivoiser. Disons que c'est ma manière de conjurer l'angoisse de ma propre disparition, de m'offrir un brin d'immortalité. Car une fois dans mon cercueil, je risque de me tenir beaucoup plus tranquille que mon jeune héros !

Pascal Colpron : J'aimerais plutôt donner aux jeunes lecteurs de l'appétit pour la vie ! La mort d'êtres chers est douloureuse. Mort et déterré ne dédramatise pas la chose, bien au contraire. Réaliser qu'on va soi-même mourir un jour est très effrayant, mais je ne crois pas que la perspective de devenir un revenant atténue cette peur, car on voit bien avec Yan que c'est un sort très peu enviable ! Ce que Mort et déterré dédramatise, en réalité, c'est le fait de perdre des morceaux et de se décomposer lentement. Malgré cela on peut rester actif, déterminé et attachant. Ce qui pourrait être vu… comme une allégorie du vieillissement !

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